Entretien avec Yama SANCHEZ

D 'où-venez-vous  ?
Je suis née à Dakar au Sénégal.

J’ai fait le catéchisme et suis également allée à l’école coranique !

*Pourquoi écrivez-vous ? que cherchez-vous ?
Pour hurler ailleurs que dans ma tête !

Pourquoi avez-vous choisi ce genre littéraire ?
Les Nouvelles
 :

Un recueil de nouvelles est un album musical, chaque texte est une chanson détenant son propre univers. J’aime les textes courts et concis comme des uppercuts.

L’écriture théâtrale
 :

J’aime raconter des histoires de toutes sortes. Les contes extraordinaires dont mes aïeux m’ont baignée depuis ma toute petite enfance sont une source inépuisable d’inspiration. Ils m’ont également et surtout appris à observer l’humain.

Quel message voulez-vous faire passer, que voulez- vous transmettre ?
L’importance de lever le regard et chercher à voir plus loin que le bout de son nez enseigne le contentement et la reconnaissance et constitue selon moi la voie vers l’harmonie, peut-être même le bonheur. 

*Etes-vous heureux d'écrire ou est-ce un fardeau ?
Pourquoi écrire ? Pourquoi crées-tu ? Est-ce pour TE distinguer ou pour NOUS faire remarquer ?

Sais-tu qu’on écrit pour être lu… par n’importe qui ?

Qu’écrire c’est se mettre à nu, s’exposer à toutes sortes d’interprétations et d’intentions ?

Que c’est prendre le risque de se placer entre les mains de déséquilibrés, d’idolâtres même ?

N’as-tu pas encore appris la valeur du silence Yama ?

Le silence est d’or.

Chuuut…

Pas de bruit

Dors ma chérie puisque nous t’aimons.

Chuuut ! Ne te réveille pas, Ne te réveille plus…

Dors… jolie fille, pour que nous n’ayons plus jamais peur.

KLING ! BANG ! KLANG !

Magnifique métal l’or mais tellement bruyant !
Mon drame, c’est que mon or se transforme rapidement en un silence assourdissant qui finit par m’asphyxier. Il devient omniprésent, idée fixe, obsession et me contraint à hurler dans ma tête. Un écho lancinant prend le relais se prolongeant des jours durant.

Alors, pour continuer à vivre, il faut se débarrasser à tout prix.

Se réveiller et cesser d’être obéissante.

Écrire devient alors une nécessité vitale.

C’est tissé dans mes os et dilué dans mon sang et ce depuis toujours. Ça rôde et disparaît, puis un jour, ça revient et me hante pour de bon.

Je ne peux plus lire ou faire mes courses, je dois seulement m’asseoir et tout livrer sur la page publique ! Y aller parfois à reculons mais y aller inévitablement.

Se diriger vers la page blanche, braise incandescente ou amie apaisante.

Écrire devient une obligation.
Ah mes amis ! Que ne m’a-t-on pas appris l’amour de la tranquillité plutôt que celui de l’encre, la pudeur au lieu de l’écriture ?
J’aurai évité tant d’incompréhensions, serai devenue une fille sage, une femme obéissante donc désirable.

Mais voilà !
KLING ! BANG ! KLANG !

Mon or, cet orgueilleux matériau faiseur de tapages continue de me rendre impudique.
Et je subis encore et toujours, impuissante et dépassée, le résonnement de l’écho clinquant de mon bavard métal.