Entretien avec Jean-Michel Platier

D'où venez-vous ?

Je suis né en France, à Saint-Claude en 1964 et j’ai vécu 18 ans à Oyonnax, la capitale des plastiques, dans le Haut-Jura. Après des études à Lyon, je suis arrivé à Paris en 1986 où je vis toujours.
Je viens d’une famille ouvrière. D’origine italienne par ma mère, je pourrais manger des pâtes tous les jours. J’ai été durablement marqué par la vie politique de mes grands-pères envers qui j’ai manifesté une véritable loyauté durant 5 décennies. Culturellement, je suis d’origine judéo-chrétienne. Je n’ai été que baptisé et n’ai eu aucune relation avec l’église catholique. Je suis athée et je me suis depuis l’enfance toujours méfié de toutes les religions. Surtout celles qui oppriment et annihilent la liberté individuelle et collective.
J’ai suivi des études de sciences politiques et ai obtenu un diplôme d’IEP, puis une maîtrise et un DEA en science politiques à la Sorbonne.

Pourquoi écrivez-vous ? que cherchez-vous ?

J’ai commencé à écrire à Paris à 22 ans en 1986. Ce fut un coup du hasard, un besoin momentané de m’exprimer en écrivant de la poésie, de la fiction. J’ai trouvé une liberté qui ne m’a depuis jamais quitté. C’est une des plus belles choses qui me soient arrivée dans la vie.
J’écris pour me raconter des histoires, pour manifester mes états d’âme, mes pensées et mes opinions. J’écris pour les partager avant tout !
Ce que je cherche, c’est surprendre mon lecteur, le déranger, le toucher et l’émouvoir. L’ennuyer en le faisant s’interroger sur ce qu’il lit. Je cherche la voie de la liberté. Par le biais de l’art.

Pourquoi avez-vous choisi ce genre littéraire ? (poésie, nouvelle, roman, théâtre et autres) définition que vous en donneriez ? 

La poésie fut ma manière naturelle de m’exprimer. J’ai écrit un premier livre Le poids de silences qui fut remarqué par André Parinaud sur France Inter. C’est le mode littéraire le plus simple pour moi. Le plus rapide. Je vais à l’essentiel. J’ai écrit un essai, un livre de nouvelles et un gros roman Vacance.

Quel message voulez-vous faire passer, que voulez- vous transmettre ?

Je ne sais s’il faut faire passer un message. Généralement, l’auteur est surpris des réactions de ses lecteurs qui voient souvent ce que lui n’a pas vu… Je m’écris d’abord à moi-même mais pour que les autres me lisent ; c’est pourquoi je ne me suis jamais censuré. En écrivant, je manifeste ma liberté d’être en ce monde et de le décrire tel que je le conçois et tel que je le reçois. L’écriture est un partage intime. C’est pourquoi je me suis dédié aussi à la lecture de tous les auteurs de la littérature mondiale et de tous les genres littéraires.

Etes-vous heureux d'écrire ou est-ce un fardeau ?

Ecrire est un besoin. J’écris le plus souvent possible ; c’est ma nourriture spirituelle et intellectuelle. Ecrire n’a jamais été un fardeau ; par contre se relire et retravailler peut vite devenir pénible. Mon dernier livre Wagon virgule train écrit en 2018 a été publié en novembre 2023 et je l’ai travaillé énormément. Jusqu’à la nausée. Mais quand une de mes œuvres est imprimée, je ne me retourne plus sur elle. Elle existe et fait partie du domaine du passé. Je ne la renie pas, jamais ! Mais elle traduit l’être que je fus lorsque je l’ai écrite, et cet homme n’est plus celui que je suis aujourd’hui puisque chacun évolue, change de jour en jour. Ecrie c’est le sel de la vie ; c’est la mise en œuvre d’une pratique artistique et créatrice. Elle nous différencie du règne animal. Et elle nous permet de nous élever au rang des dieux.